Je me souviens du meilleur de toi et du pire.
Je me souviens au début de notre fréquentation, comme nous étions amoureux.
Je me souviens de notre complicité et de la facilité que tu avais de me faire communiquer parce que j’étais comme une huître à moitié fermé.
Je me souviens de tes rêves que nous avons réalisés ensemble et qui sont devenus les miens par la suite.
Je me souviens que tu as accepté mes enfants comme si c’était les tiens. Tu m’as aidé à les élever au meilleur de toi-même et que mes enfants, ont appris par notre exemple à devenir plus tard les adultes qu’ils sont devenus.
Je me souviens que nous pensions avoir bâti un empire avec notre commerce.
Je me souviens que tout s’est effondré comme un château de cartes avec les attentats du 11 septembre 2001. Par la suite, tu as pris la décision de fermer notre compagnie.
Je me souviens de notre descente aux enfers à la suite de la fermeture de notre commerce.
Je me souviens des nombreux voyages que nous avons fait parfois drôle parfois houleux avec les enfants.
Je me souviens de notre générosité envers ceux que nous aimions et même avec des étrangers.
Je me souviens qu’à cause de ces nombreuses maladies, tu n’étais plus toi- même.
Je me souviens d’avoir eu beaucoup de peine de te voir dans cet état, j’avais perdu mon âme sœur.
Je me souviens d’être venu prendre soin de toi après notre divorce quelques années plus tard. Nos enfants restant trop loin pour s’occuper de toi.
Je me souviens que mon amour pour toi est devenu amitié. J’étais trop blessée par ton caractère et tes maladies. Toi tu m’appelais encore ta femme, moi je t’appelais mon coloc.
Je me souviens d’avoir voulu plusieurs fois jeter l’éponge comme proche aidante.
Je me suis souvenu que quoi qu’il arrive tu étais toujours là pour moi, peu importe les circonstances.
Je me souviens, à la suite d’un examen de conscience et de l’aide extérieure, que j’en suis venu à la conclusion que je ne te laisserai plus vivre tes derniers jours seul. Je t’ai accompagné jusqu’à la fin. Je me suis occupé de toi tout t’en m’occupant de moi.
Je me souviens que des membres de notre famille et amis sont venus prendre soin de toi pendant mon absence pour que je sois moins inquiète surtout quand je partais travailler.
Je me souviens par la suite que j’ai dû laisser mon emploi de préposée à domicile auprès des personnes âgées pour m’occuper de toi.
Je me souviens que j’ai dû réorienter ma carrière pour un emploi plus léger dont j’avais moins de responsabilité, pour pouvoir continuer de prendre soin de toi.
Je me souviens que pour rester la tête hors de l’eau, j’ai dû en tant que proche aidante me dire que tu n’étais qu’un client comme les autres.
Je me souviens que tes enfants et les miens m’ont soutenu quand tu es rentré les dernières fois à l’hôpital.
Je me souviens de ta compatibilité à rester en vie même avec tous les problèmes que tu avais. Comme ton corps était fort pour endurer tout ce mal.
Je me souviens des plans que tu échafaudais pour pouvoir te sauver de l’hôpital quand tu devenais lucide.
Je me souviens de l’appel du docteur à 15 heures et de notre conversation. Nous avons parlé de ta stabilité et de ton instabilité. Ainsi du moment que je devrais prendre la décision finale pour te rendre confortable si tu soufrais trop.
Je me souviens d’avoir donné la permission et avoir eu l’impression de peser sur le « bouton off » de ta vie.
Je me souviens qu’à 17 heures le médecin me rappelait pour me dire qu’elle t’avait mis confortable. J’étais à 2 pas de l’hôpital, je revenais prendre soin de toi. J’ai appelé les enfants.
Je me souviens à mon arrivée que tu me regardais, je t’ai réconforté en te disant que tout était pour bien allé, que j’étais à tes côtés, j’ai essuyé tes larmes, j’ai lavé ton visage.
Je me souviens que tous tes enfants et les miens ainsi que les petits-enfants sont venus à l’hôpital pour t’accompagner pour ton dernier voyage.
Je me souviens que dans tes dernières volontés, il y avait certaines personnes que tu ne voulais plus voir. Quelques-uns se sont présentés quand même, soit par culpabilité ou curiosité. Nous avons été choqués moi et tes enfants mais nous n’avons rien fait parce que nous étions surpassés par les événements, nous, nous vivions le moment présent avec toi.
Je me souviens être parti à 23 heures du soir pour me reposer et réfléchir à cette situation. Il y avait tellement de monde dans la chambre que je ne me possédais plus. Une de tes filles est venu me rejoindre et se reposer un peu elle aussi.
Je me souviens de l’appel de ton autre fille en criant et pleurant, venant de reconduire en bas de l’hôpital les visites indésirables dont tu ne voulais pas. En revenant dans ta chambre elle nous a expliqué que tu venais de donner ton dernier souffle. Tu en a profité pour partir seul vers ton grand voyage.
Je me souviens quand nous sommes revenus je ne croyais pas que tu étais décédé. Tes filles non plus d’ailleurs. Nous t’avons caressé, embrassé, parlé tout en riant et pleurant.
Je me souviens que pendant ces dernières années difficiles tu nous disais toujours que tu ne te rendrais pas à ta fête ou à Noël. Cette année tu n’en avais pas parlé du tout, tu nous as joué, un drôle de tour.
Je me souviens quand, je t’ai vu allongé sur ton lit que tu étais celui que j’avais connu au tout début. Tu étais calme et reposé tes douleurs avaient toutes disparues. À la fin nous étions sûr que tu allais encore te réveiller et renaître de tes cendres comme le Phoenix. Tu l’avais toujours fait avant, mais non c’était vraiment la fin. Nous avions de la misère à y croire, nous étions comme dans un autre monde.
Je me souviens que pendant quelques semaines, j’ai continué à vivre comme si tu étais là et acheter même ce que tu préférais pour tes repas.
Je me souviens de la libération que j’ai ressentie après m’être occuper de toi pendant toutes ces années.
Je me souviens que par la suite, j’ai emmené tes cendres avec moi pour visiter nos enfants. Parce que les dernières années, tu ne voulais plus aller loin. Les voyages de plus d’une heure te fatiguais trop.
Je me souviens que nous t’avons enterré selon tes dernières volontés et d’avoir fêter ta fête en même temps dans un froid glacial. Mais ceux que tu aimais étaient tous présents.
Je me souviens que depuis notre rencontre, tu as fait de belles choses dans ta vie, tant d’accomplissement. Nous faisons notre deuil un jour à la fois comme tu nous l’a bien appris. Il y a de mauvais et de bons jours.
Je me souviens de l’homme que tu étais. Fonceur, déterminé, une personne intègre, juste, travaillant, habile, le cœur sur la main prenant soin des tiens au meilleur de ta connaissance, repose en paix tu le mérites bien.
Amitiés et amour